• Ma visite de la retrospective Kandinsky au Centre Pompidou

    Ma visite de la retrospective Kandinsky au Centre Pompidou
    Lundi dernier, après des jours d'attente, je franchissais enfin les portes de la rétrospective consacrée à Kandinsky par le Centre Pompidou, munie de mon précieux billet.

    Suite à la première impression de foule compacte suscité par la première salle qui expose une chronologie de la vie de l'artiste j'essaye de me glisser auprès des oeuvres comme La vie mélangée (dont les couleurs m'ont semblées moins fluos que cette reproduction), rapidement submergée par une classe d'ados invités à dessiner un détail de ce tableau sur leur cahier. Je m'enfuis alors rapidement vers les salles suivantes exposant livres et manuscrits de Kandinsky. 
    Continuant ma visite, je m'attarde quelques temps devant Moscou I complété par ses esquisses préparatoires au crayon de papier pour l'une et aux crayons de couleurs pour l'autre, minuscules par leur taille et pourtant si puissantes. En effet si le travail au crayon de papier laisse toute la place aux formes reprises dans le tableau, celui aux crayons de couleurs nous laisse embrasser les couleurs chatoyantes de la composition finale. Formes et couleurs se voient ainsi à la fois séparées dans les deux esquisses puis rassemblées, pour ne faire plus qu'une dans Moscou I.
    Si les cabinets consacrés aux livres, manuscrits, dessins et aquarelles m'apparaissent à ce moment comme des lieux privilégiés pour mieux appréhender le travail de Kandinsky, je déchante hélas face aux plus grandes salles immaculées où sont fixés les tableaux. J'ai alors l'impression que ces oeuvres ne vivent pas, sans pouvoir l'expliquer tout d'abord. Et d'un coup je comprend : la blancheur des lieux m'aveugle, étouffe les couleurs des toiles, quand ces dernières sont emprisonnées derrière des vitres qui, comme un filtre ou un écran me coupent d'elles, reflétant les silhouettes des visiteurs et des néons qui éclairent les pièces.
    La suite de la visite me revient comme cotoneuse, assez rapide (alors qu'elle aura duré deux heures), marquée par quelques toiles qui transcendent l'environnement dans lequel elles sont placées. 
    Jaune, rouge, bleu retient mon regard pendant un moment, tellement on semble pouvoir rentrer en lui grâce aux deux carrés quadrillés qui volent vers le coeur du tableau. Si le jaune est un rectangle entouré d'un halo, le rouge  une croix (ou un cube déployé), le bleu est un cercle plein. Aucun hasard ici, chaque forme est animée par la couleur qui l'habite et réciproquement, chaque couleur est rendue plus forte par la forme qu'elle anime. Comme suspendue dans un ciel imaginé, la structure apparaît à la fois lointaine et si proche qu'on pourrait presque la toucher, voire évoluer entre ces éléments (comme le permet la Matrice active de Sophie Lavaud).
    Un peu plus loin, Trois sonorités jaunes me retient un moment, dont les figures géométriques (surtout des triangles) permettent d'entrer avec l'artiste à l'école du Bauhaus. Les principes de l'école prennent toute leur signification lorsqu'on peut voir le travail de Kandinsky et son évolution, qui mèle par la deux dimensions art, dessin, couleurs, mouvement, épaisseur, profondeur, en bref, tout ce qui fait la construction, essentielle pour Walter Gropius, créateur de l'école.
    Les dernières oeuvres présentées renforcent ce sentiment que Kandinsky ne laisse rien au hasard, pense, prépare, et réalise avec précision ses créations, envahies par toutes sortes de petits êtres qu'on croirait observés au travers d'un microscope, sur des fonds clairs. Même si les formes géométriques ne sont plus les seules présentes visuellement, elles font figure de soutien, de structure sur laquelle le reste peut s'appuyer pour évoluer au sein du tableau, comme dans Monde Bleu, ou parfois disparaissent à première vue comme dans Bleu de ciel, où on les retrouve pourtant dans la constitution même des êtres qui s'agitent sur la toile.

    Et sans vraiment m'en rendre compte, j'avais dépassé la sortie, perdue dans les nombreuses pensées, émotions, sentiments, et autres questions que me laissaient toutes les oeuvres présentées. Car plus qu'une simple visite, les tableaux nous invitent à voyager avec eux, à partir à leur rencontre, à dépasser le cadre formel de l'exposition pour partir à la rencontre d'un horizon que Kandinsky ne cesse jamais de nous dévoiler, toujours de façon différente. Au visiteur de s'emparer de ce voile, de le soulever pour mieux se glisser derrière ce qu'il cache, une part du monde, une part de soi-même.

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