• Qui était Misia ?

     Où une devient deux.

    Misia reine de Paris, couverture du catalogue d'exposition

    catalogue de l'exposition disponible en ligne sur le site de la librairie Descours

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    Le Musée d'Orsay présente du 12 juin au 9 septembre 2012 Misia, Reine de Paris, consacré à la figure de Misia Sert, à la fois muse et mécène de le vie culturelle parisienne de la Belle Époque. Articulée en 4 temps, 4 espaces et 4 thèmes, l'exposition propose ainsi un regard à 360°c sur ce personnage fascinant.

    Tour à tour présentée comme musicienne, témoin de la création intellectuelle intense à l'origine de La Revue Blanche, soutien financier des ballets russes puis femme amoureuse, il est difficile de cerner Misia tant sa vie fut pleine de rires, de bruits, de musique et de cris. Étrangement, cette séparation des différents apects de son existence ne nous la rend pas plus lisible. Elle est partout mais reste insaisissable. Elle est sur tous les murs mais jamais seule, toujours mise en relation avec un peintre, un compositeur, un amoureux, un danseur, un écrivain. Tout témoigne d'elle et pourtant on ressort de l'exposition en se demandant qui elle a vraiment été, qu'ont reflété d'elle ses amitiés, ses amours et ses actes.

    Misia par Toulouse-Lautrec

    MMe Thadée Natanson au théâtre, Henri de Toulouse-Lautrec, 1895, ©Metropolitan Museum of Art

    Elle reste cette femme de trois-quart, dont seule la nuque nous est révélée par l'esquisse de Toulouse-Lautrec, dont le regard ne dit rien, dont la toilette ne révèle que la Parisienne qu'elle a incarnée. Il reste alors difficile de ne pas penser que Misia n'est ici qu'un prétexte délicieux qui permet d'aborder le foisonnement culturel de la capitale française à l'aube du XXème siècle.

    La Revue Blanche

    couverture de la Revue Blanche, Henri de Toulouse-Lautrec, 1895

    Misia est bien cachée par sa fourrure et sa voilette qui ne laissent rien deviner de ses pensées. Elle est seulement la parisienne élégante, emblématique de toutes ces silhouettes chics que l'on croise sur les pavés de la ville lumière. Elle est celle qui ouvre sa maison, son salon, son coeur et sa bourse, aux artistes dont elle devient l'amie, la confidente, le modèle, le mécène. Si certaines n'ont été qu'un de ces personnages, ce qui distinque Misia des autres c'est qu'elle est tout à la fois. Et l'exposition nous perd dans les méandres de cette vie où il devient difficile de démêler les fils qu'elle a tissé entre eux.

    Misia par Renoir

    Misia Sert, Auguste Renoir, 1904, ©National Gallery

    Des noms comme Renoir, Ravel, Proust, Debussy, Chanel, Vuillard, Toulouse-Lautrec, Nijinski, Cocteau ou Picasso ponctuent l'exposition. Toujours on croit se rapprocher de Misia mais Misia reste en retrait, ne dit rien d'elle mais fait parler les autres. Peinte par les plus grands, elle sert d'inspiration pour des personnages de roman comme celui de la Princesse Yourbelieteff dans La Recherche du temps perdu de Proust, elle permet grâce à son argent de monter des ballets somptueux à l'Opéra de Paris, elle fait se rencontrer Ravel et Stravinsky.

    Misia Sert à Venise

    Misia Sert à Venise vers la fin de sa vie

    Pourtant, seule la dernière salle semble lui donner une vie à elle, bien qu'on nous y raconte sa mort. Les aristotypes, collotypes, cyanotypes ou contretypes nous la montrent jeune, amoureuse, à la mode, vieille, seule. Quelques objets lui ayant appartenus sont là, des lettres, ses arbres faits de pierreries qu'elle vendait aux Parisiennes, mais toujours elle se dérobe. Même ses mémoires semblent faux et brumeux. Vous ne saurez pas qui était Misia, si ce n'est qu'elle a été la Reine de Paris.

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