• Un dimanche à la campagne

    Un dimanche à la campagne

    Imaginez que nous sommes un  dimanche d'été, dans les années 1750 et qu'après une belle promenade ou une partie de chasse, vous preniez quelques minutes de repos sous un arbre, face à un champ que le soleil a teinté de ses reflets dorés. Gainsborough aurait pu vous peindre vous, à la place de Mr and Mrs Andrews, les jeunes propriétaires de ces terres qui s'étendent à perte de vue.
    La fragile Mrs Andrews assise sur un banc travaillé, est vêtue de douceur bleue, ses petits pieds sagement croisés sous sa robe encombrante et pourtant de facture si délicate. Elle est aérienne, légère, comme survolant son siège. Et si elle tient dans sa main droite ce qui ressemble à un bâton, qui la relie a ses terres le peintre a semble-t-il laissé sa toile nue sur les genoux de son modèle. Pour y ajouter quelque chose plus tard? Pour signifier que la vie de Mrs Andrews ne fait que commencer et qu'il lui reste à la construire?
    Son mari est lui d'avantage ancré dans la terre : il est nonchalament appuyé sur le banc, la main droite dans une poche, le fusil sous l'épaule, pointant le sol où ses pieds sont posées sur les racines d'un vieil arbre  tandis que son chien s'est glissé entre ses jambes, la tête tournée vers son maître. Si c'est bien sa femme qui lui a apporté toutes ses terres par leur union, Mr Andrews en est désormais bien le maître.

    Gainsborough aurait pu rétrécir son champ de vision pour ne peindre que les jeunes mariés comme ici, (grâce à la magie du recadrage numérique), mais il a choisi de les représenter entouré de leur domaine . Leur place sur la toile indique ainsi clairement leur statut : bien qu'ils ne soient pas au centre du cadre, ils donnent l'impression de dominer toute la surface du tableau, renforçant ainsi leur statut de propriétaire terrien. Le peintre a ainsi astucieusement mis en avant ses modèles : s'ils sont bien le sujet principal de la toile, ils n'existent pas non plus sans leur domaine. Le spectateur entre dans la scène par le côté gauche du tableau où il trouve les époux Andrews, puis son regard est attiré par la profondeur de champ que Gainsborough a magnifiquement représentée : des champs, des arbres, des bêtes à perte de vue, sous un ciel nuageux mais pas menaçant, qui figure peut-être la vie qui attend les époux.

    Et alors qu'à première vue ce tableau semble n'être qu'une scène champêtre, Gainsborough y ajoute en fait un caractère temporel fort : par les racines de l'arbre qui tournent notre esprit vers le passé, vers la terre qui était là avant nous, par le ciel qui reste incertain et qui nous attire vers le futur et enfin par ces deux jeunes mariés et leur chien, symbole de fidélité, qui s'inscrivent dans le moment présent. C'est toute une vie d'homme, avec ses espoirs, ses promesses comme ses souvenirs que Gainsborough a su mettre en couleurs sous l'apparence d'un portrait conventionnel de deux jeunes époux et de leurs terres.

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