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Valhalla rising ou le bruit du silence
Où hypnotisée rime avec absorbée.
© Wild Side
The english version is available here.
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On peut difficilement dire qu'on a vu Valhalla Rising (ou Le Guerrier silencieux en V.F) de Nicolas Winding Refn. Il est plus juste de dire qu'on en a eu une vision, qu'on a regardé le film se dérouler devant soi, tant la puissance des images sort de l'écran (même de taille modeste comme le mien) et s'imprime sur votre rétine.
Ca pourrait être une histoire de vikings perdus dans des paysages somptueux comme on en voit dans les rêves. Ca pourrait être le voyage d'un homme, One-Eye (le Borgne), muet, guerrier sanguinaire sans émotion, qui se libère de l'esclavage et dérive pendant des jours sur un bateau de pélerins chrétiens qui s'imaginent rallier la Terre Sainte. Ca pourrait être le moment où tous ils deviennent fous, errant dans cette terre mystérieuse et effrayante qu'ils ne peuvent nommer.
Ca pourrait être le voyage d'un homme, réduit à l'état de bête qui parcourt toutes les étapes pour faire partie de l'humanité, jusqu'à la mort. Chacun des hommes de ce voyage pourrait incarner quelque chose, depuis l'enfant qui serait le symbole de l'espoir et du futur, jusqu'au chef des pélerins, aveuglé par sa foi déviante.
Mais ça ressemble plutôt à un rêve, où vous savez toujours où vous êtes et où pourtant vous ne reconnaissez rien de ce qui vous entoure. Où tout vous semble familier mais effrayant et froid dans le même temps. Où tout ce que vous savez doit laisser place aux doutes. Où vous ne pouvez même pas avoir confiance en vous-même, et seulement être là. Vous n'êtes plus un spectateur, vous appartenez aux paysages, aux vents, à l'herbe et à l'eau.
Alors le temps ne compte plus, vous en êtes partie prenante, et vous ne pouvez pas vous ennuyer parce que votre oeil est constamment attiré par le magnifique jeu de couleur de la lumière.
© Wild Side
La lumière devient un personnage à part entière du film, et chaque moment de ce voyage est marqué pas une gamme de couleur bien précise : le gris est partout quand One-Eye n'est qu'un esclave, le doré l'emporte pendant la traversée de l'océan, quand les bleus et les verts animent la nouvelle terre sur laquelle ils ont abordé.
Et comme le rythme du film est lent, sans musique excepté pour une scène, vous pouvez vous laisser aller à imaginer que c'est un long fleuve que vous descendez sans pouvoir choisir comment, sur un bateau que vous ne pouvez diriger, afin de découvrir une nouvelle terre, ou Le Guerrier Silencieux vous parle enfin.
Tags : valhalla rising, le guerrier silencieux, nicolas winding refn, mads mikkelsen, terre sainte, pélerins, couleurs
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