• Dennis Adams-Airborne

    Notice parue dans le catalogue de l'exposition Collector, Œuvres du Centre national des arts plastiques, pp 132-133, Skira Flammarion, Paris, Octobre 2011

    Collector, catalogue d'exposition

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    L'exposition Collector se déroule au TriPostal de Lille du 5 octobre 2011 au 1er janvier 2012.

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    Pour réaliser la série de photographies Airborne, Dennis Adams s'est simplement rendu sur le toit de son immeuble à New York, tout près de là où se dressait le World Trade Center ; il a levé les yeux, et son appareil, vers le ciel pendant trois mois. Au gré des caprices du vent, il a su capturer journaux et sacs plastiques que les hommes au pied des gratte-ciel avaient laissé échapper, et que les tours jumelles avaient recrachés après leur effondrement.

    Dennis Adams, Patriot, 2002

    S'il a toujours entretenu dans ses oeuvres un rapport étroit à la ville, en mettant en avant l'importance de l'organisation et de l'architecture de l'espace public, il ouvre ici son travail à une dimension historique et mémorielle qui déborde l'urbanité. Après les attentats qui ont frappé sa ville le 11 septembre 2001, il a décidé de regarder vers l'azur. Par ces fragments qui s'élèvent poétiquement dans le ciel bleu de Manhattan, il critique le rythme trop rapide des actualités, l'"avidité des hommes politiques et militaires qui ont un avis définitif sur des moments d'histoire*" et qui ne se donnent plus le temps du recul. Conditionnés par la cadence effrénée à laquelle les medias délivrent les nouvelles, ils ne sentent plus la dimension d'un temps long qui les dépassent et qu'ils construisent pourtant. Les gros titres des journaux prennent dès lors l'ascendant sur la réalité et écrasent de leurs caractère gras celui qui voudrait voir autrement.

    Dennis Adams, Payback, 2002

    Pour cela, il a figé ces débris en suspension, d'où le titre de la série : Airborne. Ces objets auxquels nous ne prêtons plus attention se voient magnifiés et créent un autre espace à l'intérieur de la ville, qui serait plus aéré, où un souffle neuf pourrait gonfler nos poumons. Faire de la catastrophe l'occasion de se réapproprier à la fois la ville et l'Histoire, telle est l'invitation que lance Dennis Adams à celui qui regarde ses images.

    Dennis Adams, He's no terrorist, 2002

    * Dennis Adams cité par Michel Guerrin, À Madrid, les photographes face à l'histoire, Le Monde, 15 juin 2004, p.30

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