En 1983, Jean-Charles de Castlebajac crée une collection composée de robes "hommages" où il fait dialoguer la mode, les arts plastiques, l'histoire et la culture pop. Défilent ainsi des mannequins vêtues de ces robes où figurent Edith Piaf, Louis XIV ou encore Mona Lisa. L'année précédente, il avait déjà mis à contribution des artistes comme Ben ou Robert Combas dans ses "robes-tableaux". Cet amour pour l'art, Jean-Charles de Castelbajac le manifeste dans presque toutes ses collections, que ce soit dans les années 1980 avec ses "robes-objets", petites soeurs du pop art, celle figurant les peintures des grottes de Lascaux, ou en 2009 avec sa robe représentant Andy Warhol, et plus récemment dans sa collection automne-hiver 2011-2012 où, selon le même principe que pour sa robe La Joconde, il reproduit sur le tissu L'Oeil et Le Violon d'Ingres de Man Ray.
Jean-Charles de Castelbajac se livre également au jeu délicat des expositions : en 2006, le Victoria and Albert Museum de Londres lui ouvre ses portes, et ainsi naît la rétrospective Popaganda : The Fashion Style of J-C de Castelbajac ; le musée de la Mode de la Ville de Paris lui donne carte blanche en 2007, et Gallierock voit le jour ; en 2009, à Londres, il s'empare de tableaux célèbres auxquels il ajoute les logos des grands noms de la mode comme Dior, Yves Saint Laurent ou Louis Vuiton dans l'exposition The Triumph of The Sign ; en 2010, le créateur poursuit ce travail d'artiste à Paris dans The Tyranny of Beauty.
"Je ne fais pas de la mode. Je l'utilise comme un medium. Ce qui me fascine ce sont les installations, les performances, la transversalité*", et Jean-Charles de Castelbajac l'a toujours montré avec bonheur dans ses créations de prêt-à-porter. La robe La Joconde entre dans ce qui pourrait alors se transformer en une fête célébrant tous azimuts l'art sous toutes ses formes. Porter cette robe signifie plus que s'approprier un des visages les plus célèbres de l'histoire de l'art, si l'on suit les propos de Jean-Charles de Castelbajac : "ce que j'aime avant tout, c'est participer à une mise en scène. Pour moi, une robe contribue à la construction d'une image**". Et comment mieux faire parler le vêtement que par un sourire tant de fois admiré ?
*Jean-Charles de Castelbajac cité dans Patrick Cabasset, Libres Artistes, L'Officiel de la mode n°931, décembre 2008-janvier 2009, pp 190-195
**ibid.