• Les Chausson

    Les Chausson

    Voici Ernest Chausson et sa famille, une peinture d'Eugène Carrière, datée de 1895. Elle est visible au Musée des Beaux-Arts de Lyon, dans les collections permanentes.
    Elève de Cabanel, Carrière va produire une oeuvre dont le style lui est propre. Les visages qu'il peint sont entourés d'une sorte de brume mais conservent une netteté, une expression, des détails qui leur donnent une vie saisissante.


    Si le temps semble avoir terni les couleurs, c'est la touche de Carrière qui voile la toile d'une sorte de fumée, d'un rideau translucide qui cache pour mieux laisser le spectateur s'approcher de la famille en gommant le décor qui semble seulement esquissé, pour ne garder que l'essentiel : les Chausson.


    Seul le père, compositeur qui connut un certain succès dans les années 1880-1890, est habillé de noir. Sa femme est, elle, vêtue d'une robe blanche qui semble être faite de mousseline légère et qui lie le père à ses enfants, dans un mouvement gracieux. Les enfants sont groupés sur la droite du tableau et si les trois soeurs regardent le peintre comme leurs parents, le fils, les mains dans les poches a les yeux perdus plus loin que le spectateur ne peut voir. Rêve-t-il aux jeux qui suivront la longue pose imposée par ses parents? Envie-t-il le peintre qu'il rêve d'imiter plus tard? Au spectateur de se laisser emporter par ces interrogations, pour aller plus loin que la toile fixée au mur du musée, pour rejoindre le temps ou vécu la famille Chausson.


    À une époque où on commence à faire appel au photographe pour faire son portrait de famille, c'est comme si ici, Carrière fixait sur la toile la photographie de cette famille marquée par les ans qui auraient passés. Comme si quelqu'un découvrait cette photographie abandonnée dans un grenier qui sentirait bon le temps du passé et le temps passé.
    Elle serait à la fois témoignage, par les tenues des Chausson, d'une autre vie entrée dans l'Histoire et témoin par son apparente usure, d'une longue période d'existence.
    Pourtant, en 1895, la jeunesse de l'art photographique ne permet pas de connaître un tel état de conservation, du moins mes modestes connaissances me le laissent penser.


    Ce voyage est ici rendu possible par une toile, troublante, vivante, qui vient toucher le spectateur, qui l'attire à elle.

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    Niobé »

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