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Il y a des expositions où il est facile de parler de tout ce qu'on y a aimé. Il y a des expositions où on se demande pourquoi on est venu. Et il en y a d'autres où quand vous fermez les yeux, il n'y a qu'une oeuvre qui reste à votre esprit.
Celle qui a tout changé, qui vous a marqué, celle pour laquelle vous avez eu besoin de vous asseoir, de trouver un crayon au plus vite et de noter son nom sur un bout de papier trouvé au fin fond d'un sac. Elle n'est pas forcément celle devant laquelle tout le monde s'arrêtera, peut-être même que beaucoup n'y verront pas ce que vous y avez vu, vous. Elle était là et vous l'avez rencontré, et au final c'est tout ce qui compte.
C'est ainsi que samedi soir je me suis retrouvée à l'exposition consacrée à Dalì par le Centre Pompidou à Paris devant Projet pour Spellbound, que l'artiste a peint, à la demande d'Alfred Hitchcock d'imaginer le décor du rêve du personnage interprêté par Gregory Peck. Rien d'extraordinaire me direz-vous. Et pourtant, là, quelque part à droite de l'oeuvre, il y a cette touche de peinture banche qui vous éblouit et dont vous ne pouvez pas détacher les yeux.
Projet pour Spellbound, environ 1945 © Salvador Dalì, Fundaciò Gala-Salvador Dalì / Artists Rights Society (ARS), New York
La voyez-vous là, un peu à droite, sur cet oeil si rond, si grand ouvert ? Sans elle, vous ne regarderiez qu'un dessin d'oeil bien plat. Elle est là et elle change tout. La transparence jusque-là invisible de la cornée se revèle en un éclair, et tout s'éclaire.
détail, © Salvador Dalì, Fundaciò Gala-Salvador Dalì / Artists Rights Society (ARS), New York
Il n'y a rien à ajouter sinon d'aller le voir, ce Projet pour Spellbound (et le reste de l'exposition avec, on ne sait jamais, vous pourriez trouver votre petite touche blanche ailleurs).
Si vous voulez en savoir plus, avant ou après la visite, vous pouvez consulter le dossier pédagogique mis en ligne par le Centre Pompidou.