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Du 7 mars au 15 juillet 2012 se tient à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent l'exposition Kabuki, costumes du théâtre japonais, une occasion quasi magique de voyager à moindre frais, et dans le plus beau véhicule qui soit.
Vue de la première salle d'exposition, photographie Luc Castel
Semblables à des panneaux de laque noir, les parois qui jalonnent les espaces où sont montrés les kimonos sont autant d'écrins où les matières peuvent se refléter et prendre vie. Par la délicatesse de l'éclairage, le moindre détail vous apparaît, les fils d'or étincellent et la soie ondule sous vos yeux.
Détail d'un manteau court (haori) et kimono (kitsuke) à décor d'hirondelles sous la pluie
Compagnon de ce noir intense, le rouge habille les murs où vous pouvez lire les résumés des pièces les plus célèbres du Kabuki. Car il n'est pas seulement question de s'extasier devant les soieries mais aussi de découvrir un art traditionnel toujours important dans la culture japonaise contemporaine.
Né au au XVIIème siècle, cet art dont le nom signifie littéralement chant (ka), danse (bu) et jeu de scène (ki), met au coeur de la pratique de ses acteurs, exclusivement masculins, une gestuelle étudiée, un maquillage éxagéré et des costumes qui perdurent depuis sa création. En effet, aucune pièce de tissu de l'exposition n'est antérieure à 1940, prouvant la vitalité de ce type de théâtre japonais.
Vue de la deuxième salle d'exposition, photographie stylistic.fr
Au gré de vos pas, il vous semblera entendre bruisser la soie et le papier, retentir le bois des sandales et craquer les baleines de bambou des ombrelles et des éventails. Diposés selon les pièces dans lesquels ils parent les acteurs, tous ces accessoires semblent prendre une autre dimension.
Éventail du personnage Ukyo dans la pièce Migawari zazen, Japon, 2011 - Bambou, papier japonais peint, feuille d'or - 29 cm
Majestueusement présentés, les costumes semblent pourtant répondre aux décors discrets, hautement représentatifs d'une culture japonaise rassemblée autour de la notion d'équilibre. Le dépouillement de la scénographie ne peut dès lors que faire ressortir la richesse des tissus, le foisonnement des couleurs et des motifs.
Vue de la deuxième salle d'exposition, photographie stylistic.fr
Les estampes et extraits de livres représentant les acteurs les plus célèbres de leur temps, invitent elles aussi à voyager, mais dans le temps cette fois. Prêtées par le musée national des Arts asiatiques - Guimet, elles permettent de s'imiscer dans l'imaginaire du Kabuki, accompagnées en cela par la projection de plusieurs pièces.
Portraits de deux acteurs de Kabuki, Shunsho, Katsukawa (1726-1793) et Bunsho, Ippitsusai (1765-1792), 1770, impression polychrome sur papier (nisiki-e)- 27x18 cm
Il est bien difficile de quitter ce lieu tant l'invitation au voyage est forte, tant la beauté qui y règne est prégnante. Le temps s'y dissout, les limites géographiques disparaissent et la rencontre avec le Kabuki finit par ressembler aux lettres d'amours dont les jeunes japonais désargentés font des kimonos de papier.